Vincent Cordebard
- Association La salle d'attente
- 13 mai 2006
- 2 min de lecture
Exposition du 13 au 20 mai - Les noces d’opales, œuvres de la collection du FRAC Champagne-Ardenne et la collection personnelle de l’artiste.
Vernissage de l’exposition en présence de l’artiste le samedi 13 mai 2006 dès 16h à St Rémy sur Bussy, 27 rue du Général Appert

« Pas plus que la pipe de Magritte n'est une pipe, les images de Vincent Cordebard ne sont à l'évidence, une chronique familiale. A l'avance exclues de tout album par leurs défauts techniques – flou, bougé, brûlures de lumière dues au soufflet percé d'un photographe amateur - elles n'assurent aucune des fonctions traditionnellement dévolues à la photographe de famille. Ni la mémoire, ni l'identité ne peuvent s'y composer pour rassembler les particularités des personnes en un portrait collectif, qui établirait la famille dans sa dimension paradoxale d'entité singulière et plurielle. Les visages tremblés - souvent placés hors champ par le jeu des cadrages tronqués - n'autorisent pas la reconnaissance ; les images ne racontent aucune histoire, ne restituent pas à la cellule familiale le fil d'une chronique familière par laquelle se nouerait sur une individualité aimée, au de-là des variations d'âge, de geste et de costume, l'affirmation rassurante de l'unité familiale. La petite a encore grandi... Mais rien ne grandit sur ces images : fragmentaires, violentes par leur fragmentation même, elles ne présentent de la famille qu'une vision déchirée. Seules demeurent, dépersonnalisées, des relations de force : ces mains adultes qui pressent les épaules enfantines les protègent mais les maîtrisent, se les approprient ; ces allures gauches et figées appelées par les réunions solennelles où chacun doit tenir la place que lui attribue la hiérarchie familiale, et- de surcroît- rentrer dans le champ de la prise de vue. Une fois disparus les individus et leurs traits attachants, ne demeure qu'une pure topographie de l'espace familial : une famille désincarnée, sans identité, sans continuité temporelle, sans reconnaissance, réduite à la structure hiératique et codée par laquelle s'organise traditionnellement son espace ».
Béatrice Han
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